La nano-retraite de Kim Pariseau

Accompagnée de son conjoint et de ses deux jumeaux, l’architecte s’arrête au Mitis Lab pour faire le point sur sa pratique.

Il s’agissait peut-être du moment parfait pour discuter de connexion avec la nature, de relation au temps, d’entrepreneuriat durable et de choix de vie qui mènent au bonheur.

Kim est fondatrice d’Appareil Architecture, une petite firme de Montréal qui voit grand et qui a décidé de faire les choses autrement.

« Ralentir…ça prend du temps. Ça prend quelques jours pour s’adapter. Mais ça nous permet de développer de nouvelles perspectives, de voir les choses autrement, de se regrounder. »

Et la nature dans tout ça? Comment est-ce qu’on l’ajoute à l’équation?

Pour Kim qui a étudié un an au Danemark, la nature est au coeur de sa démarche.

« Le fait de pouvoir m’isoler dans la nature avec ma famille, mes enfants, ça me permet de me rappeler pourquoi je fais ce que je fais. »

Depuis le tout début, Kim a voulu adopter des pratiques durables au sein de son entreprise. Pour elle, ça passe principalement par poser les bonnes questions. Elle et son équipe ont participé au Parcours Développement durable en 2019 afin d’obtenir la certification EcoCert.

Surprise : l’approche écologique durable va bien au-delà des matériaux utilisés. Il s’agit surtout de trouver l’harmonie, tant à l’interne qu’à l’externe. Ça passe principalement par le bien-être de ses employés, “le souci de ne pas les brûler”, mais aussi par de meilleures relations avec tout l’écosystème de partenaires. C’est toute la chaîne qui doit évoluer ensemble vers de nouvelles pratiques. Et encore une fois, il faut poser les bonnes questions et comprendre les enjeux auxquels ils font face si on souhaite réellement changer les choses. Il faut choisir de travailler avec les bonnes personnes et se fixer le même objectif. Donc préconiser, d’abord et toujours, l’approche collaborative.

« Il faut s’assurer que nos choix soient ancrés dans nos valeurs. Valoriser nos producteurs d’ici. Nos fournisseurs d’ici, ce qui se fait chez nous. »

Kim demeure toujours un peu perplexe lorsqu’on qualifie son design de ‘scandinave’. Elle opterait plutôt pour le terme nordique…et bien de chez nous. Bien entendu, les scandinaves cultivent cette connaissance et ce savoir-faire lié au design depuis très longtemps et il y a certainement de belles choses à apprendre. Mais pourquoi ne pas tenter de regarder ici plutôt qu’ailleurs?

« On a une nouvelle histoire qui va créer une identité forte pour le Québec et le Canada. Il faut se distinguer autrement.»

Pour se faire, il faut démocratiser la pratique de l’architecture, la célébrer et la rendre accessible à un plus grand public. Il faut conscientiser les gens, leur montrer qu’il est possible de créer des choses bien réfléchie, même à petite échelle, avec des petits budgets. Ça prend plus d’architectes d’ici qui communiquent ce qu’ils font.”

À cet égard, elle nomme Pierre Thibault, grand architecte canadien qui est également un excellent vulgarisateur. Il a fait beaucoup sur le plan de la conscientisation et de la vulgarisation, tout comme les Jardins, note Kim.

« Plus on va en parler collectivement, plus la pratique va avancer. Les architectes ont beaucoup à dire. On ne le fait pas encore assez au Québec.»

Mais le travail ne s’arrête pas là. Même lorsque le client est convaincu du bien fondé de l’architecture, il faut encore une fois s’arrêter et se poser les bonnes questions en début de projet. Cette approche stratégique pré-projet déstabilise certains. L’équipe remet en cause la pertinence de certains besoins, le nombre de pieds carrés souhaités.

« On essaie de contaminer nos clients, de pousser la réflexion plus loin. D’aller au-delà de l’image Pinterest.»

Et que voit Kim pour le futur du design au Québec, en ce temps de crise et de remise en question? Continuer à se demander POURQUOI, tout simplement. Choisir des projets diversifiés, peser les pour et les contres, et clarifier, de plus en plus, pourquoi on le fait.

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Kim Pariseau a une double formation en design intérieur et en architecture. Ayant une formation autant au Québec qu’au Danemark, elle s’intéresse à l’architecture nordique. Kim cumule 15 ans d’expérience professionnelle. Après avoir travaillé au sein de grandes firmes d’architecture, elle créé sa propre agence en 2010, après avoir remporté le 1er prix au Concours international de Design Montréal pour la conception du site Champs de Mars. Elle a depuis travaillé sur de nombreux projets qui se partagent entre des résidences, chalets et des projets commerciaux.

Récipiendaire en 2016 du prix « Emerging Talent » du magazine Canadian Architect et en 2017, du prix « Best of Canada » pour la conception du restaurant Hoogan et Beaufort à Montréal, elle s’est bâti une expérience considérable dans le domaine de l’architecture et du design au Québec. Son travail est souligné et mis de l’avant par ses pairs. En 2020, Appareil architecture est fier de se retrouver dans la “catégorie “Jeunes pousses” du tout premier palmarès d’entreprises au féminin du magazine Première en affaire!

Les projets menés par l’architecte Kim Pariseau ont comme point commun d’être enracinés dans la culture nordique, épurés et sensibles à leur contexte. Ainsi, l’expression « dans le plus simple APPAREIL » devient synonyme d’une architecture où chaque élément renvoie à son essence et s’exprime avec simplicité tout en proposant une richesse au niveau de l’expérience et de la mise en oeuvre. Ses projets se fondent sur des choix éthiques et écologiques. Kim Pariseau attache une grande importance aux valeurs durables, tant par le choix des matériaux, des techniques de construction et de l’application d’un savoir- faire local.

En 2017, elle crée APPAREIL Atelier, le petit frère de la firme APPAREIL Architecture, qui explore et réalise des concepts variés, avec une curiosité et audace qui lui est propre. Mettant en valeur le savoir-faire local, il conçoit du mobilier et des solutions sur mesure fabriqués au Québec.

Photos par Félix Michaud

À propos de l’auteur

Après avoir passé plus d’une décennie à perfectionner l’art de trouver l’équilibre entre la nature et le monde techno, Amélie cultive à présent l’innovation et plusieurs projets créatifs au sein du Mitis Lab.