Valoriser le territoire québécois par l’hébergement nomade – Hôtel UNIQ

L’an dernier à pareille date, l’équipe de Hôtel UNIQ (Unités Nomades Insolites Québécoises) installait leur village éphémère au cœur des Jardins de Métis.

L’entreprise se démarque par son concept innovant d’hébergement nomade de type glamping, mais aussi pour son souci de valorisation des territoires québécois. Charmés, nous y avons vu une potentielle collaboration pour nos retraites. L’automne suivant, le Mitis Lab accueillait deux camps Focus pour entrepreneurs débordés souhaitant tisser des liens avec des gens allumés dans un environnement reposant. Chaque participant avait sa propre unité UNIQ, le temps du séjour. Nul besoin de vous convaincre du succès de la formule auprès de nos participants!

À l’aube d’une saison estivale qui s’annonce mouvementée pour l’entreprise en pleine effervescence et pour l’ensemble du Québec d’ailleurs, nous avons eu la chance de nous entretenir avec Myriam, cofondatrice de Hôtel UNIQ. Sa vision et sa démarche sont des plus rafraîchissantes.

Entre le rêve et la réalité, quel est l’élément déclencheur qui t’a poussé à te lancer en affaires?

 

Le désir de quitter mon ancien emploi 9 à 5 et de créer ma “job” de rêve qui me permet de retrouver, d’une certaine façon, la vie de voyageuse que j’avais avant.

 

En te citant : “c’est lors d’une fin de semaine dans un chalet que l’idée de créer un hébergement éphémère unique nous est venue.” Parle-nous du processus d’idéation durant ce séjour. Est-ce que le fait d’être entouré de nature y a été pour quelque chose?

 

Après avoir parcouru le Nicaragua, la Colombie et le Mexique à la recherche d’un terrain pour bâtir un hostel, ma partenaire d’affaires initiale et moi en sommes venues à la conclusion que la législation et les conditions dans ces pays étaient trop complexes pour nous. Nous sommes donc revenues au Québec en nous disant que notre magnifique province avait tout autant à offrir que les destinations que nous avions visitées. Nous avons donc décidé de prendre un pas de recul et nous rendre en nature pour favoriser notre créativité. C’est donc à ce moment que l’idée de créer un hébergement éphémère nous est venue.

 

Ayant voyagé à travers le monde à la découverte d’innovations touristiques, quelles sont les expériences/lieux/personnes qui t’ont le plus inspiré pour la création de Hôtel UNIQ?

 

L’esprit de communauté dans les auberges jeunesse un peu partout dans le monde. C’est ce qu’on avait envie d’offrir à nos invités. Un lieu d’échange sans jugement avec des gens passionnés par la nature et l’aventure. De plus, au Maroc, nous avons vécu une expérience de glamping dans des tentes luxueuses en plein milieu du désert qui nous a grandement inspirées. Finalement, le tourisme durable a toujours été hyper important dans nos voyages afin de protéger l’essence même du tourisme soit les beaux paysages, la communauté d’accueil et l’économie du lieu.

 

Comment décrirais-tu le concept de tourisme écoresponsable, à la lumière de la philosophie de Hôtel UNIQ?

 

Selon la définition du Ministère de l’Environnement du Québec, “le développement durable répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Il s’appuie sur une vision à long terme qui prend en compte le caractère indissociable des dimensions environnementale, sociale et économique des activités de développement. »

L’offre d’Hôtel UNIQ est avant tout une expérience basée sur des valeurs de communauté et l’acceptation de la diversité. Il est essentiel pour nous d’offrir à nos visiteurs l’opportunité d’échanger entre eux ainsi qu’avec la communauté locale, surtout suite au confinement du printemps 2020. Nous avons souvent reçu le commentaire de clients pour qui le séjour à l’hôtel UNIQ leur avait permis de décrocher du quotidien, d’échanger avec les autres, d’apprendre de la communauté locale et de profiter de la beauté des paysages.

Ne jamais avoir plus de 35 invités en même temps nous permettait de prendre le temps de discuter en échangeant, entre autres, sur l’importance de bien préserver l’environnement et de la chance que nous avons de bénéficier d’un territoire aussi vaste et magnifique. Nous ne voulons pas être confrontés aux problèmes environnementaux que cause le tourisme de masse.

Puisque chaque installation se veut éphémère, nous ne laissons aucune trace sur notre passage et répondons à une demande spontanée d’hébergement, ce qui est comparativement à un hôtel classique en béton et stable, beaucoup plus écologique. Bien que ce soit du glamping, l’expérience en nature nous incite à prôner le minimalisme et la simplicité volontaire. Pour l’ameublement de notre unité, nous avons choisi un fournisseur du Québec (Bleu.eco), pour nos produits nettoyants nous utilisons des produits biodégradables québécois (Unscented, Druide et Simulation Déjà vu), les petites collations offertes dans l’unité proviennent de l’entreprise québécoise Patience Fruit & Co. Bref, toutes nos actions sont pensées pour être le plus écoresponsables possible.

Notre objectif est aussi de mettre en lumière les entreprises de la région dans laquelle on se trouve pour encourager l’économie locale. Pour chaque destination, nous créons des partenariats hyperlocaux qui permettent à nos invités de mieux découvrir la région avec les experts de la destination. Que ce soit par une bière de microbrasserie locale offerte à l’arrivée ou la visite privée d’une ferme de Wapiti, l’expérience demeure authentique et fidèle à sa région.

 

En quoi ta double formation t’apporte un regard nouveau sur l’industrie du tourisme?

 

Ma formation au baccalauréat en administration des affaires concentration tourisme, m’a permis de développer ma fibre entrepreneuriale en touchant à toutes les facettes d’une entreprise (ex: comptabilité, droit des affaires, finance, marketing, communications, etc.). Par la suite, mon doctorat en psychologie du travail m’amène à un autre niveau en tant que leader, mais m’aide aussi à développer un volet bien-être à mon expérience touristique. Notre mission est de faire découvrir des milieux naturels exclusifs pour permettre à nos invités de lâcher prise et de se reposer.

« Un lieu d’échange sans jugement avec des gens passionnés par la nature et l’aventure. »

Après deux ans en opération, qu’est-ce qui te frappe le plus sur le terrain?

 

Les sourires des invités à la fin de leur séjour et les discussions agréables autour du feu, sans oublier les magnifiques paysages que nous contemplons au quotidien.

 

Votre offre de destinations compte sur la collaboration de plusieurs parties prenantes. Quelles sont vos clés de succès pour favoriser la synergie entre les citoyens de la communauté, les municipalités, les parcs, les employés et enfin les voyageurs?

 

La bonne communication avant notre arrivée est essentielle afin que tout le monde soit au courant de cette nouveauté dans la région et qu’ils connaissent les avantages de nous accueillir. Nous aimons arriver un peu à l’avance aux destinations afin de rencontrer en personne nos partenaires hyperlocaux et tisser des liens en plus de faire un lancement 5@7 (lorsque possible) avec tous les acteurs impliqués. De plus, nous invitons les citoyens à venir visiter le village, passer du temps avec nous et nos invités et même nous proposer des projets qu’ils aimeraient faire dans le cadre du concept UNIQ (ex: amener des invités à leur ferme). Nous désirons qu’ils développent un lien d’appartenance au projet et qu’ils en soient fiers.

 

Quelles ont été ou sont vos principales embûches jusqu’à ce jour? Quelles ont été ou sont vos solutions?

 

Des embûches nous n’en avons eu plus d’une! Lorsqu’on se lance dans une innovation qui n’existe pas encore, les démarches de sensibilisation sont essentielles. Après avoir convaincu plusieurs festivals à adhérer à notre projet, la pandémie a frappé et on a dû revoir notre modèle d’affaires. Nous avons rapidement décidé de contacter tous les parcs régionaux du Québec pour voir leur ouverture à nous accueillir. Par chance, le Parc régional des Grandes-Rivières du lac Saint-Jean nous a donné notre premier GO à un mois d’avis du début de nos activités. Nous avions donc très peu de temps pour lancer nos réservations en ligne et aviser tous les médias du début de nos activités. Par chance, nos partenaires/lieux d’accueil nous aident beaucoup dans la promotion/communication pour faciliter la commercialisation.

Une autre embûche a été de trouver le meilleur modèle d’unité. Nous avons beaucoup investi pour notre premier prototype (un micro chalet pliable) qui était finalement trop lourd pour le déplacer souvent. Nous avons donc décidé d’y aller avec des tentes, car c’est plus facile à transporter, plus léger et tout peut rentrer dans un camion Uhaul 20 pieds versus un 53 pieds. Toutefois, notre prototype n’est pas perdu. Il est situé actuellement au Parc régional de la forêt Ouareau et est disponible pour la location.

Finalement, la plus grosse embûche a été la séparation avec ma partenaire Solène qui a préféré retrouver un mode de vie plus stable versus le mode de vie nomade que nous avions. J’ai donc repris l’entreprise seule depuis novembre 2020. Heureusement, j’ai engagé deux nouveaux employés depuis avril 2021 pour me soutenir dans les opérations. Ils sont tous les deux passionnés par l’entrepreneuriat et le tourisme. Tranquillement, je cherche quelqu’un qui pourrait reprendre des parts de la compagnie. À suivre…

 

À votre avis, à quoi ressemble un territoire intelligent?

 

Selon moi, un territoire intelligent est un lieu où les acteurs du milieu travaillent ensemble à améliorer l’offre. Un lieu avec une grande synergie afin que la province devienne une destination touristique de calibre international.

Un territoire intelligent est aussi un lieu où les acteurs pratiquent le tourisme durable soit: la protection de l’environnement naturel, encourager l’économie locale et même hyperlocale, favoriser les échanges entre les touristes et la communauté locale, et plus encore.

De plus, qui dit intelligent, dit aussi technologie. Il serait important que le Québec puisse avoir du réseau partout. Nous avons dû refuser des destinations à cause du manque de réseau. C’est plus difficile pour les travailleurs lorsqu’il n’est pas possible de téléphoner à quelqu’un. Être à l’affût en matière de technologie et encourager les startups d’ici qui ont trouvé des solutions sont la clé de la réussite, je crois. Le Québec est définitivement sur la bonne voie!

« Un territoire intelligent est un lieu où les acteurs du milieu travaillent ensemble à améliorer l’offre. Un lieu avec une grande synergie afin que la province devienne une destination touristique de calibre international. »

Quelle est ta vision de l’entrepreneuriat/ du travail? À quoi ressemble l’entrepreneur de demain?

 

Ma vision de l’entrepreneuriat se résume à être extrêmement déterminé, persévérant, passionné, motivé, travaillant et très créatif. Quand on veut, on peut. Il suffit de mettre beaucoup d’énergie.

 

En tant qu’entrepreneure nomade, comment arrives-tu à préserver ton équilibre de vie? À poursuivre tes passions au travers des opérations?

 

Pour moi, la clé est de faire du sport fréquemment, de bien manger et de profiter des magnifiques paysages qui nous entourent. Ma passion, c’est mon travail en grande partie! J’aime bien cette citation de Nicolas Duvernois qui résume bien ce que je vis : “Se lancer en affaires n’est pas un choix de carrière, ni un nouvel emploi, c’est un choix de vie. Une vie ne se compte pas en quart de travail, en temps supplémentaire ou en semaine travaillée, une vie c’est 24h/24, 365 jours par année.”

 

En finissant, qu’espères-tu voir émerger au cours des prochaines années?

 

J’aimerais grandement voir des franchises d’Hôtel UNIQ un peu partout au Québec.

À propos de l’auteur

Rédactrice et photographe indépendante, notamment pour Beside Magazine, aussi directrice de la programmation au Mitis Lab, Catherine Bernier use de sa créativité pour éveiller les gens à la conscience de soi, collective et environnementale. Originaire de Sainte-Flavie, elle entretient une relation significative avec le territoire de La Mitis et la communauté.